dimanche 7 décembre 2025

Jean Ferrat - Le bruit des bottes - live 1975



                         

Jean Ferrat chante "le bruit des bottes" en 1975. Il dénonçait les dictatures de Franco, des colonels grecs et de Pinochet, mais aussi les périodes où les libertés d'expression et d'opinion étaient remises en cause y compris en France, lorsque la gauche radicale anticolonialiste était censurée, réprimée et molestée durant les guerres d'Indochine et d'Algérie, et par des polices parallèles (le SAC) durant le mouvement de mai 1968. Un demi siècle plus tard, une internationale d'extrême droite se reforme, menaçant les libertés et la paix. La trumpisation des esprits se déploie en France, faisant des citoyens "bien pépères" des citoyens verts de gris, normalisant et presque imposant les contre-valeurs de l'extrême droite comme une pensée unique obligatoire... Les textes engagés de Guy Thomas chantés par Ferrat sont d'une actualité incroyable...

C'est partout le bruit des bottes, c'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garrotte, on vous étripe au Chili
On a beau me dire qu'en France, on peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance travaillent aussi du képi
Quand un Pinochet rapplique, c'est toujours en général
Pour sauver la République, pour sauver l'ordre moral
On sait comment ils opèrent pour transformer les esprits
Les citoyens bien pépères en citoyens vert-de-gris
À coup d'interrogatoires, de carotte et de bâton
De plongeon dans la baignoire, de gégène et de tison
Il se peut qu'on vous disloque ou qu'on vous passe à tabac
Qu'on vous suicide en lousdoc au fond d'un commissariat
Il se peut qu'on me fusille pour avoir donné du feu
Pour avoir joué aux billes avec un petit hébreu
On va t'écraser punaise pour avoir donné du pain
Pour avoir donné du pèze au petit nord-africain
Il se pourrait qu'on m'accuse avec un petit gourdin
D'avoir étudié Marcuse, d'avoir été sartrien
Ils auront des électrodes, ils diront tu veux du jus
Pour connaître la période où j'étais au PSU
À moins qu'ils me ratatinent pour mon immoralité
Pour avoir baisé Delphine, pour avoir été pédé
À moins qu'ils ne me condamnent à mourir écartelé
Entre l'amour de Roxane et celui du beau Dédé
Il se peut qu'on me douillette pour que je veuille attester
Qu'en 1967, je lisais l'Humanité
Il se peut qu'on me tourmente et qu'on me fasse avouer
Que dans les années 60, j'étais à la CGT
À moins qu'ils me guillotinent pour avoir osé chanter
Les marins du Potemkine et les camps de déportés
À moins qu'avec un hachoir, ils me coupent les dix doigts
Pour m'apprendre la guitare comme ils ont fait à Jara
C'est partout le bruit des bottes, c'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garrotte, on vous étripe au Chili
Il ne faut plus dire qu'en France, on peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance travaillent aussi du képi
Travaillent aussi du képi















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