mercredi 19 décembre 2018

LA BELLE CHANSON - Georges Brassens : Supplique pour être enterré à la plage de Sète.

LA BELLE CHANSON

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Georges Brassens : Supplique pour être enterré à la plage de Sète.

          



Supplique pour être enterré à la plage de Sète "La Camarde qui ne m'a jamais pardonné, D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez, Me poursuit d'un zèle imbécile. Alors, cerné de près par les enterrements, J'ai cru bon de remettre à jour mon testament, De me payer un codicille. Trempe dans l'encre bleue du Golfe du Lion, Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion, Et de ta plus belle écriture, Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps, Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord, Que sur un seul point : la rupture. Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon, Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson, Celles des titis, des grisettes. Que vers le sol natal mon corps soit ramené, Dans un sleeping du Paris-Méditerranée, Terminus en gare de Sète. Mon caveau de famille, hélas ! n'est pas tout neuf, Vulgairement parlant, il est plein comme un oeuf Et d'ici que quelqu'un n'en sorte, Il risque de se faire tard et je ne peux, Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu, Place aux jeunes en quelque sorte. Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus, Creusez si c'est possible un petit trou moelleux, Une bonne petite niche. Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins, Le long de cette grève où le sable est si fin, Sur la plage de la corniche. C'est une plage où même à ses moments furieux, Neptune ne se prend jamais trop au sérieux, Où quand un bateau fait naufrage, Le capitaine crie : "Je suis le maître à bord ! Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord, Chacun sa bonbonne et courage". Et c'est là que jadis à quinze ans révolus, A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus, Je connu la prime amourette. Auprès d'une sirène, une femme-poisson, Je reçu de l'amour la première leçon, Avalé la première arête. Déférence gardée envers Paul Valéry, Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris, Le bon maître me le pardonne. Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens, Mon cimetière soit plus marin que le sien, Et n'en déplaise aux autochtones. Est-ce trop demander : sur mon petit lopin, Planter, je vous en prie une espèce de pin, Pin parasol de préférence. Qui saura prémunir contre l'insolation, Les bons amis venus faire sur ma concession, D'affectueuses révérences. Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau, Ne donnera pas une ombre triste au tableau, Mais un charme indéfinissable. Les baigneuses s'en serviront de paravent, Pour changer de tenue et les petits enfants, Diront : chouette, un château de sable ! Tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie, Tous chargés de parfums, de musiques jolies, Le Mistral et la Tramontane, Sur mon dernier sommeil verseront les échos, De villanelle, un jour, un jour de fandango, De tarentelle, de sardane. Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller, Une ondine viendra gentiment sommeiller, Avec moins que rien de costume, J'en demande pardon par avance à Jésus, Si l'ombre de ma croix s'y couche un peu dessus, Pour un petit bonheur posthume. Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon, Pauvres grands disparus gisant au Panthéon, Pauvres cendres de conséquence, Vous envierez un peu l'éternel estivant, Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant, Qui passe sa mort en vacances. Vous envierez un peu l'éternel estivant, Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant, Qui passe sa mort en vacances..."


LA BELLE CHANSON - LEO FERRE' Les vieux Copains

LA BELLE CHANSON

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       LEO FERRE' Les vieux Copains          

         


Ajoutée le 10 mars 2009
Gli anarchici francesi si chiamavano tra loro Copains, Camarades, l'equivalente di Amici-Compagni.... Ciao Leo, vecchio Compagno che non c'è più, hai cantato la libertà, l'amore e l'amicizia come nessun altro.. Estratto video da Le Talent à Fleur de Peau... http://www.malinconicoblues-vinile.it

Les vieux copains

Les vieux copains Tous ridés, fatigués Qui vous tendent la main Après bien des années Les vieux copains Que l'on voit s'en aller En se tenant par la main Pour ne pas culbuter Les vieux copains Qu'ont les yeux comme les cieux Quand les cieux sont tout gris Et qui voient pour le mieux Les vieux copains Tous salis par le temps Qui n'est plus qu'à la pluie Quand il pleut dans les yeux Les vieux copains Tous ridés, fatigués Qui vous tendent la main Après bien des années Les vieux copains Que l'on voit s'en aller En se tenant par la main Pour ne pas culbuter Je suis un de ceux-là, mon Dieu ! Donnez-moi des jardins Pour cueillir la jeunesse Pour couper les années Pour en faire des tresses Pas ma jeunesse à moi Elle n'était pas heureuse Mais celle que voilà Dans les bras d'une gueuse Avec ses seins trahis Sous la robe trompeuse Avec le reste aussi Et croyez-moi, petite, J'étais souvent gentil Avec mon cœur devant Et mes rêves dedans Les vieux copains Qu'on avait cru des fois Prendre l'or de leur voix Pour t'offrir un bijou Les vieux copains Qui te prenaient le temps Pour se faire un printemps Et t'en donner un bout Les vieux copains Qu'ont le passé passé Dans leurs pas trop pressés À marcher sur l'amour Les vieux copains Qui disent "Comment vas-tu ?" Et qui ne savent plus Ni leur nom ni le tien Les vieux copains Qu'on avait cru des fois Prendre l'or de leur voix Pour t'offrir un bijou Les vieux copains Qui te prenaient le temps Pour se faire un printemps Et t'en donner un bout Je suis un de ceux-là, mon Dieu ! Rendez-moi la folie Celle que je cachais Dans le fond de mon lit Lorsque la nuit venait Et que je dénonçais Dans le froid du silence Les raisons de la chance À faire que la vie Se raconte ou se vit Ça dépend du talent Qui se donne ou se vend Quand on a décidé De vivre ou de chanter L'amour et l'amitié Qui ne font que passer Les vieux copains Que je ne reconnais plus Qui passent dans la rue En traînant des chagrins Les vieux copains Tout courbés par le temps Quand le temps est au nord Quand le nord est d'accord
Les vieux copains Qu'ont des rides souillées Par des larmes séchées À travers les années Les vieux copains Qui mangent à la Sécu Et qui ne savent plus Où est le Quartier Latin Les vieux copains Que je ne reconnais plus Qui passent dans la rue En traînant des chagrins Les vieux copains Tout courbés par le temps Quand le temps est au nord Quand le nord est d'accord Je suis pas de ceux-là, mon Dieu ! Je vous rends la passion Que vous m'avez prêtée Un jour de déraison Pour croire à vos conneries Pour croire à vos enfants Alors que cette vie N'est faite que d'un instant Je naîtrai demain matin Quand les chevaux-vapeur De tous mes vieux copains S'électréliseront Et réinventeront Dans leur âme fanée Les roses de l'Enfer La folie du plus fou Alors tous ces vieux copains Se mettront à chanter "Camarades, électrélisons-nous !" Et si quelques étoiles Veulent nous voir On pourra toujours leur prêter Quelques volts en supplément Et alors... et alors... Elles nous verront debout Avec nos mains dans leurs coutures Camarades, camarades !