Monsieur le président, j' prends la plume aujourd'hui,
comme l'ont fait Boris Vian et Renaud après lui,
j'ai l'espoir qu'une lettre sera peut être lue
quand le bruit sous vos fenêtres, vous ne l'entendez plus.
Monsieur le président, seriez-vous dur d'oreille
pour bafouer si longtemps un boucan sans pareil ?
C'est le peuple qui gronde, qui occupe vos boulevards,
pendant que la bête immonde se rapproche du pouvoir.
Monsieur le président, je ne viens pas en guerre,
déserteur également mais surtout en colère
quand fleurit l'injustice, les propos indécents
quand on voit la police cogner des innocents...
Monsieur le président, refusez-vous de voir
ceux qui vous ont, un temps, choisi dans l'isoloir ?
C'est l'infirmière de garde qui ne compte plus ses pleurs,
chaque nuit quand elle regarde l'hôpital qui se meurt
Monsieur le président, admirez les banderoles
aux bras des enseignants qui se saignent à l'école
Qu'y a-t-il de plus beau qu'un gamin qui apprend,
qui monte sur l'escabeau pour devenir plus grand ?
Monsieur le président, si j'ose ces quelques vers
peut-être impertinents, c'est qu'on marche de travers
Oubliez l'arrogance au fond de votre planque,
on n'dirige pas la France comme on dirige une banque...
Monsieur le président, remarquez ceux qui plongent,
ouvriers, artisans, tour à tour, jettent l'éponge
et les rires en pagaille, ils ne résonnent plus
quand une usine se taille, quand un père s'est pendu.
Monsieur le président, notre belle maison brule,
il est fini le temps des magouilles, des calculs,
admirez nos montagnes, l'océan, les oiseaux,
il est temps que l'on soigne la terre de nos marmots.
Monsieur le président, et sauf votre respect,
vous offensez, grandement, votre poste au sommet
Faut être à la hauteur du berceau des Lumière,
des poètes, des auteurs, des femmes qui se libèrent.
Monsieur le président, tout en haut de l'échelle,
je vous l'accorde pourtant, la vue doit être belle
mais descendez d'un cran et mesurez la peine
de millions de braves gens que vos lois ne comprennent.
Monsieur le président, passez-moi les menottes,
faites-moi taire sur le champ, interrogez mes potes !
Je ne fais que chanter la résistance, la vie,
l'amour, la liberté que le monde nous envie.
Monsieur le président, peut-être m'avez-vous lu ?
Vous n'avez guère le temps et, d'ailleurs, moi non plus,
j'ai le cœur à combattre l'absurdité humaine,
armé d'une feuille A4, alors à une prochaine...