https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Borne
Alain Borne, né le 12 janvier 1915 à Saint-Pont (Allier), décédé le 21 décembre 1962 à Lapalud (Vaucluse), est un poète français. Il était avocat à Montélimar.
Sommaire
[masquer]Biographie[modifier | modifier le code]
Alain Borne est le fils unique de François Borne et de Marie Tixier. Il passe une partie de son enfance au château de Saint-Pont, dans l'Allier, qui appartenait à ses grands-parents maternels, Charles Tixier et Anne-Marie Collangettes1.
Louis Aragon salua déjà son lyrisme dès 1942. Il était avocat à Montélimar et vécut relativement ignoré des milieux littéraires parisiens. Mais il était très lié avec Pierre Seghers.
Il trouva la mort dans un accident de voiture, à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Avignon. La moitié de son œuvre a paru depuis.
Le lycée général de Montélimar porte son nom.
Œuvres[modifier | modifier le code]
- 1939 : Cicatrices de Songes, Feuillets de l'îlot (Prix du Goéland 1939)
- 1941 : Neige et 20 Poèmes, Seghers
- 1942 : Contre-feu, Cahiers du Rhône
- 1943 : Seuils, École de Rochefort
- 1945 : Brefs, Confluences
- 1945 : Regardez mes mains vides, PAB Pierre-André Benoit
- 1945 : Terre de l'été, Robert Laffont
- 1946 : Poèmes à Lislei, Seghers
- 1947 : L'Eau Fine, Gallimard
- 1951 : O P. 10, PAB Pierre-André Benoit
- 1953 : En une seule injure, Rougerie (Prix Antonin-Artaud 1954)
- 1953 : Orties, Henneuse
- 1954 : Demain la nuit sera parfaite, Rougerie
- 1955 : Treize, PAB Pierre-André Benoit
- 1957 : Adresses au vent, traduit en italien par G. A. Brunelli, Capitoli
- 1959 : Encore, Rougerie
- 1961 : Encres, Club du poème
Posthumes
- 1962 : L'amour brûle le circuit, Club du poème
- 1963 : La Dernière Ligne, Club du poème
- 1964 : La nuit me parle de toi, Rougerie
- 1964 : Célébration du hareng, (prose) Robert Morel
- 1965 : Les fêtes sont fanées suivi de La dernière ligne, Club du poème
- 1969 : Encres, édition définitive, Club du poème
- 1969 : Vive la mort, Chambelland
- 1969 : Le Facteur Cheval, (prose) éditions Robert Morel, photographies de Henriette Grindat
- 1971 : Indociles, Club du poème
- 1971 : Le Plus Doux Poignard, Chambelland
- 1974 : Complaintes, Saint-Germain-des-Prés
- 1980 : Œuvres poétiques complètes, tome 1, Curandera
- 1981 : Œuvres poétiques complètes, tome 2, Curandera
- 1991 : Textes inédits, prose et correspondance, revue Voix d'encre n° 3/4
- 1992 : Seul avec la beauté, (première anthologie de poèmes inédits), éditions Voix d'encre
- 1994 : L'amour, la vie, la mort, (deuxième anthologie de poèmes inédits), éditions Voix d'encre
- 1999 : Poèmes inédits, revue Voix d'encre, n° 20
- 2000 : La marquise sortit à 5 heures, (nouvelles), éditions Voix d'encre
- 2001 : (Rééditions) Terre de l'été suivi de Poèmes à Lislei, Éditions Editinter
- 2001 : En passant par le lycée... Alain Borne, lycée Alain Borne
- 2001 : Un brasier de mots, poèmes inédits réunis par Alain Blanc, éditions Voix d'encre
- 2002 : (Rééditions) L'eau fine suivi de En une seule injure, Éditions Editinter
- 2002 : (Réédition) célébration du hareng, poésie/première 22
- 2002 : (Réédition) Encres, Atelier du Hanneton
- 2003 : Poèmes d'amour, (anthologie) Le Cherche midi
- 2006 : (réédition) la nuit me parle de toi, Trident neuf
- 2008 : (Rééditions) Treize suivi de Indociles, éditions Fondencre
- 2014 : L'iris marchait de son odeur, proses et poèmes inédits réunis par Alain Blanc, éditions Voix d'encre
- 2015 : (Rééditions) L'amour brûle le circuit, Encres, Les fêtes sont fanées, La dernière ligne suivi d'extraits de son journal intime, éditions Fondencre
Notes et références[modifier | modifier le code]
Je pense
à Paul Vincensini
Je pense que tout est fini
Je pense que tous les fils sont cassés qui retenaient la toile
Je pense que cela est amer et dur
Je pense qu’il reste dorénavant surtout à mourir
Je pense que l’obscur est difficile à supporter après
la lumière
Je pense que l’obscur n’a pas de fin
Je pense qu’il est long de vivre quand vivre n’est plus
que mourir
Je pense que le désespoir est une éponge amère
qui s’empare de tout le sang quand le cour est détruit
Je pense que vous allez me renvoyer à la vie qui est
immense
et à ce reste des femmes qui ont des millions de visages
Je pense qu’il n’y a qu’un visage pour mes yeux
Je pense qu’il n’y a pas de remède
Je pense qu’il n’y a qu’à poser la plume
et laisser les démons et les larves continuer le récit
et maculer la page
Je pense que se tenir la tête longtemps sous l’eau
finit par étourdir
et qu’il y a de la douceur à remplacer son cerveau
par de la boue
Je pense que tout mon espoir que tout mon bonheur
est de devenir enfin aveugle sourd et insensible
Je pense que tout est fini.
Je pense que tous les fils sont cassés qui retenaient la toile
Je pense que cela est amer et dur
Je pense qu’il reste dorénavant surtout à mourir
Je pense que l’obscur est difficile à supporter après
la lumière
Je pense que l’obscur n’a pas de fin
Je pense qu’il est long de vivre quand vivre n’est plus
que mourir
Je pense que le désespoir est une éponge amère
qui s’empare de tout le sang quand le cour est détruit
Je pense que vous allez me renvoyer à la vie qui est
immense
et à ce reste des femmes qui ont des millions de visages
Je pense qu’il n’y a qu’un visage pour mes yeux
Je pense qu’il n’y a pas de remède
Je pense qu’il n’y a qu’à poser la plume
et laisser les démons et les larves continuer le récit
et maculer la page
Je pense que se tenir la tête longtemps sous l’eau
finit par étourdir
et qu’il y a de la douceur à remplacer son cerveau
par de la boue
Je pense que tout mon espoir que tout mon bonheur
est de devenir enfin aveugle sourd et insensible
Je pense que tout est fini.
(L’amour brûle le circuit, Club du Poème, 1962)
.
.
.
.
.
.
La main touche une jupe
La main touche une jupe,
muguets fanés, je me souviens,
tiède comme un début de peau,
un feu de sang brûle les os.
Les joncs craquent sous le corps souple,
et le miel bout dans l’oeillet pourpre,
sur le brasier de myosotis
là-haut où les oiseaux s’étirent.
Carrière de braise rouge,
près d’une eau non doublée de tain
où toute pudeur expire
au vent venu de Si loin,
Sous août bruissant, la fièvre est fraîche,
et la brûlure encore glacée
des lèvres fanées de soif,
et du corps torride de sang.
Voici la baie de tes jambes,
avant cette île foudroyée
où peut-être un peu de neige
attend ma tête sans pensée.
muguets fanés, je me souviens,
tiède comme un début de peau,
un feu de sang brûle les os.
Les joncs craquent sous le corps souple,
et le miel bout dans l’oeillet pourpre,
sur le brasier de myosotis
là-haut où les oiseaux s’étirent.
Carrière de braise rouge,
près d’une eau non doublée de tain
où toute pudeur expire
au vent venu de Si loin,
Sous août bruissant, la fièvre est fraîche,
et la brûlure encore glacée
des lèvres fanées de soif,
et du corps torride de sang.
Voici la baie de tes jambes,
avant cette île foudroyée
où peut-être un peu de neige
attend ma tête sans pensée.
Terre de l’Été (Robert Laffont, 1945)
.
.
.
.
.
.
La musique même était noire
La musique même était noire
c’est la nuit qui par elle criait
si longue et sans étoiles
semblable aux entrailles d’une bête qui nous aurait mangés.
c’est la nuit qui par elle criait
si longue et sans étoiles
semblable aux entrailles d’une bête qui nous aurait mangés.
Et le jour serait de la même soie s’il revenait
et maille à maille de la même soie serait la vie.
et maille à maille de la même soie serait la vie.
Maille à maille de la même soie
une seule longue vie noire
avec dans l’air l’aile de la chauve-souris
dont le grand vent de sage espoir
est l’unique fraîcheur pour nos fronts.
une seule longue vie noire
avec dans l’air l’aile de la chauve-souris
dont le grand vent de sage espoir
est l’unique fraîcheur pour nos fronts.
Les marionnettes tombent des mains mortes
mortes deux fois
maille à maille de la même soie
la vie des marionnettes passées de main en main,
mortes deux fois
maille à maille de la même soie
la vie des marionnettes passées de main en main,
Mais nous, aucune main ne viendra nous reprendre
quand le poulpe du sang sera pétrifié
qui nous retient debout à l’avant du théâtre.
quand le poulpe du sang sera pétrifié
qui nous retient debout à l’avant du théâtre.
Maille après maille de la même soie
sable à sable du même gravier
grain par grain du même blé noir
choc par choc du même cœur vide
sable à sable du même gravier
grain par grain du même blé noir
choc par choc du même cœur vide
Quand le dernier laurier aura brûlé ses feuilles
en l’hiver blanc comme l’iris de nos rêves
quel fantôme de bois pourra nous accueillir
sous un soleil enfin sans arrêt ni blessure.
en l’hiver blanc comme l’iris de nos rêves
quel fantôme de bois pourra nous accueillir
sous un soleil enfin sans arrêt ni blessure.
.
.
.
.
.
Tant d’oiseaux
Tant d’oiseaux
Qu’on dirait de l’eau en pluie
un goutte à goutte d’ailes
une giboulée de plumes
une averse de griffes.
L’orage opaque éteint le ciel
et son tonnerre est de cris.
Qu’importe qu’importe
puisque ce cauchemar n’est pas un rêve
puisque ces griffes sont réelles
et que c’est réellement qu’il faudra mourir.
.
.
.
D’autres textes ici
Qu’on dirait de l’eau en pluie
un goutte à goutte d’ailes
une giboulée de plumes
une averse de griffes.
L’orage opaque éteint le ciel
et son tonnerre est de cris.
Qu’importe qu’importe
puisque ce cauchemar n’est pas un rêve
puisque ces griffes sont réelles
et que c’est réellement qu’il faudra mourir.
.
.
.
D’autres textes ici
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire