Serge Reggiani: ''L'arriere-saison''
Ajoutée le 24 janv. 2010
Il tombait des hallebardes
A l'arrière-saison,
Il y avait des lézardes
Aux toits de nos maisons
Et de grands chevaux noirs
Qui ravageaient le ciel
Et trouaient nos mémoires
De doutes éternels...
Souviens-toi,
Le temps était au glas
Aux larmes et aux frissons,
J'ai tissé dans tes bras
Mon arrière-saison.
On s'est battu alors
A l'arrière-saison,
Les orgues de la mort
Ont joué sur tous les fronts.
On ne reverrait plus
Les cerisiers en fleurs,
Ni l'espoir abattu
D'une bombe en plein cœur...
Souviens-toi
La tristesse et l'effroi
Ont balayé nos fronts
Et labouré du doigt
Notre arrière-saison.
Je suis parti un jour,
A l'arrière-saison,
Sans flûte, ni tambour,
Sans rire, ni pardon.
Ma jeunesse perdue
Écartelait son ombre
A la croisée des nues
Sur un lit de décombres...
Souviens-toi,
Nos lettres sont écrites
A la chair à canon
Et le sang sèche vite
A l'arrière-saison...
Et puis est reparue
La nouvelle saison
Et je suis revenu
Refaire la maison.
On avait gros le cœur,
On avait, qui peut dire,
C'était comme des fleurs
Qui n'avaient su mourir,
Souviens-toi
Comme on s'est embarqué
Vers le même horizon
Et comme on s'est aimé
A l'arrière-saison
Et comme on s'est aimé
A l'arrière-saison...
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