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La Comédie-Française rend hommage à Léo Ferré, l'amoureux
Le HuffPost | Par Marine Chassagnon
Publication: Mis à jour:
Portrait de l'auteur, chanteur et compositeur français, Léo Ferré (1916-1993), pris en novembre 1970 à Paris. | AFP
MUSIQUE- C’est extra. Le titre de cette chanson de Léo Ferré pourrait aisément servir de qualificatif au dernier spectacle de la Comédie-Française, Cabaret Léo Ferré. Jusqu’au 8 mai au Studio-Théâtre de Paris, sept membres de la compagnie y interprètent dix-sept titres de ce chanteur mémorable, soutenus par quatre musiciens.
Les morceaux choisis évoquent, la révolte, la mélancolie, l’amour des femmes, de Paris, des mots et même des poètes. C’est à ces amours-ci, au-delà du Léo grincheux et engagé, que le HuffPost s’est intéressé.
Qu’il proclame son amour aux femmes dans Si tu t’en vas, L’amour fou, La lettre, On s’aimera, Je t’aime, à la ville lumière avec Paname ou aux poètes en adaptant leur œuvres, l'interprète d'Avec le temps le fait avec justesse, tendresse et subtilité. "N’est-ce pas lui qui disait dans une de ses interviews qu’il y a deux types d’hommes sur cette terre 'Ceux qui aiment, et puis les autres… des fois, qui ne savent pas qu’on peut aimer, qui n’ont pas trouvé…'. Or c’est en chirurgien qu’il aima", estime Claude Mathieu, la directrice artistique du spectacle.
L'amoureux des femmes
Dans la vie comme en chanson, les femmes sont diverses pour Léo Ferré. Celui qui se revendiquait anarchiste a partagé ses jours avec trois épouses: Odette, Madeleine et Marie-Christine. Avec chacune, une relation différente s’est tissée. De la découverte avec Odette à l’amour serein qui le liait à Marie-Christine jusqu’à la fin de sa vie, sans oublier sa passion tumultueuse avec Madeleine, le chanteur-poète a suivi ses envies.
Bien que parfois mysogine, Léo Ferré, le provocateur, a écrit ou mis en musique de très beaux textes d’amour. Tout dans ce sentiment semblait intéresser cet artiste; la délicatesse, la violence, l’attirance, la lassitude.
Pour ces chansons consacrées aux femmes, il s’est souvent appuyé sur des textes de poètes. Le titre Elsa, par exemple, est le fruit du travail de cet indigné à partir du poème d’Aragon L’amour qui n’est pas un mot.
L'amoureux des poètes
“Derrière la porte des paroles d’Aragon, il y avait une musique que j’ai trouvée immédiatement”, disait-il des textes de celui dont il a mis en musique plus de dix poèmes.
Les deux artistes se vouaient une admiration sans borne. "Ferré m’a souvent demandé si ça ne me gênait pas, montré avec beaucoup de gentillesse ces choses qu’il avait faites avant. Ce n’est pas sur mes conseils qu’il a coupé ceci ou cela mais de son fait. Eh bien, quand j’ai vu cela, écouté ces chansons, cela a eu sur moi une certaine influence, et il est certain que dans des poèmes plus récents de moi peut-être pourrait-on trouver une influence en retour de la chanson telle que Léo Ferré la conçoit", avouait Louis Aragon.
Cet amoureux du verbe, qui considérait que "le vers français" avait "un potentiel de "musicalibilité", a composé des musiques et retravaillé des poèmes de Rimbaud, Baudelaire, Ronsard, Verlaine, Appolinaire... C’est d’ailleurs à ce dernier qu’il a emprunté le texte Le Pont Mirabeau mêlant amour et admiration de Paris.
L'amoureux de Paris
Cette ville, Léo Ferré l'a décrite, reniflée, entonnée. À son arrivée à Paris à la Libération, l'interprète de Jolie Môme se produit au Boeuf sur le toit, un célèbre cabaret du VIIIe arrondissement parisien. Pourtant, c'est au Ve arrondissement et à ses alentours qu'il voue la plupart de ses œuvres sur la capitale: Quartier latin, À Saint-Germain-des-Près, L'Île Saint-Louis.
Le Paris Canaille a beaucoup attiré cet artiste hors-norme; ce "Paris bandit", "un gangster" comme il s'amusait à le décrire.
Les habitants de ses rues qu'il décrivait, ont eu accès à l'art poétique en écoutant ses chansons. "Grâce à la musique, la poésie va dans la rue", répondait-il à Aragon. À travers ce travail d'ouverture à la culture populaire, il semblerait que ce soit au public que Léo Ferré ait fait sa plus belle déclaration.
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