Les heures et les saisons
Ce vent venu de l'océan
Et qui s'est donné tant de peine
À contre-courant sur la Seine
En ce premier jour de printemps
Que t'a dit le vent, au passage
Vieil enfant du pont Mirabeau ?
Je n'en sais rien, il faisait beau
Je n'ai pas compris son message
Depuis le temps que je suis né
Mon entendement diminue
Je vois que la nuit est venue
Et je crois que l'heure a sonné
Voici déjà la nuit d'été
Toute prometteuse d'orage
Et ce grand charroi de nuages
Tourne de toute éternité
Éclairs et roulements de cuivre
Bientôt le ciel va s'entrouvrir
Le temps continue de courir
Et je n'en finis pas de vivre
Je voudrais mourir étonné
Mais il pleut sur ma tête nue
Je vois que l'aube est revenue
Et j'entends les heures sonner
Tout suffoquant et grimaçant
En automne je vagabonde
Dans la ville, à défaut du monde
Je suis l'anonyme passant
Je dévisage les passantes
En psalmodiant à tout hasard
"Fais-moi l'aumône d'un regard
Femme en fleur ou adolescente !"
Mais ce jeu même est suranné
L'hiver balaye l'avenue
Je sais que la nuit est venue
Dites-moi quelle heure a sonné
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