CENTENAIRE MOULOUDJI
MOULOUDJI/ RUE DE CRIMÉE (FERRÉ-MOULOUDJI)
JEAN LAPIERRE/ L’HOMME QUI PASSAIT DANS LA VIE
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Ainsi, Mouloudji est venu faire un tour par ici il y a 100 ans aujourd'hui, commençant d’abord par la rue de Crimée, dans le 19ème à Paris, début d’une longue errance, sur le pavé de la ville, puis en rencontrant avec beaucoup de chance Jean-Louis Barrault, les frères Prévert, Simone de Beauvoir, Boris Vian, tant d’autres. Voilà ce que je dis dans mon livre « Les guetteurs d’aube » à paraître bientôt : « SQUARE MARCEL MOULOUDJI (9)
entrée 10 rue Pierre Reverdy 19e
Mouloudji n’aimait pas trop qu’on l’appelle Marcel. D’ailleurs, pour tous il était Moulou, dont le père était né à El Flaye, en Kabylie. Comme sa mère – bretonne – était à l’hôpital, Moulou dut très vite subvenir à ses besoins, et connaître, avec son frère André, le pavé de la capitale. Mais ses pas ont eu la chance de rencontrer ceux des frères Prévert, notamment. Il démarra donc au cinéma. Puis, il avait des choses à dire. Donc, il écrivit, encouragé par Simone de Beauvoir. Et puis, il avait une voix, particulière, unique, avec une modulation naturelle venant de ses origines. Alors, la chanson l’a occupé. Comme un petit coquelicot l’emmena sur les routes du vedettariat. Ses propres chansons, notamment Un jour tu verras, souvent en collaboration avec des compositeurs, en firent un habitué du succès. Après un passage difficile, cet artiste universel (il fonda les Productions Mouloudji) rencontra un nouveau public, des fêtes populaires et politiques aux maisons de la culture, aux théâtres, dans les années 70. Qu’il s’agisse de Autoportrait, Les Beatles de 40, Allon-z’enfants (Vian), Comme une chanson de Bruant, Faut vivre, Tout fout l’camp, Six feuilles mortes de San Francisco, Province Blues, ses chansons portaient son regard mélancolique sur les choses de la vie. Passager du désir, promeneur solitaire et amoureux éternel de l’instant, il était aussi peintre. En 1994, ses tableaux étaient exposés à Grenoble dans une concession automobile. Moulou était là. L’animateur lui dit : « Aujourd’hui, on exauce tous vos vœux. Que voulez-vous ? » Il montra une belle femme devant lui : « je veux danser avec Madame ! » On mit Un jour tu verras. Et la danse commença. Quinze jours plus tard, le 14 juin, on annonçait son décès. Cette danse avec la jolie inconnue était donc sa dernière volonté.
Ce touche-à-tout talentueux laisse ses œuvres diverses, ses chansons où Paris est souvent présente (Le Mal de Paris, Le Long des rues de Paris). Il n’était pas seulement un errant dans la ville, un rêveur nostalgique. Il était concerné. Il n’avait pas eu peur, le 7 mai 1954, en créant Le Déserteur de Boris Vian, le jour même de la chute de Diên Biên Phu.
En Kabylie, bientôt, un festival lui rendra hommage. Ici, on lui dédie un square, près de la rue de Crimée où il vécut dans son enfance.
« Je fis à l'encre rouge des vers agonisants
Dans l'odeur des étoiles piquées au ciel de guerre
Je ferai à la lune inventer des romans
À chaque arbre je mourais de passions buissonnières
Comme on meurt à l'arrière
À l'âge de seize ans » (Rue de Crimée, Musique : Léo Ferré)
Vous le voyez. S’il n’est pas présent sur les ondes, il est là dans la mémoire, prêt à ressurgir, l’air de rien. »
Inspiré par cet artiste « multiformes », j’ai écrit une chanson « L’homme qui passait dans la vie ». Vous la trouverez à la suite de « Rue de Crimée », création commune Mouloudji-Léo Ferré
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ÉCOUTER MOULOUDJI « RUE DE CRIMÉE » (MOULOUDJI-FERRÉ) ICI
Avec Freddy Balta (accordéon) – Michel Villard (piano)
Super 45 trs Textes : Mouloudji – Musiques : Léo Ferré – VOIR
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ÉCOUTER/ VOIR JEAN LAPIERRE « L’HOMME QUI PASSAIT DANS LA VIE »
Jean Lapierre : voix+guitare – Claude Yvans : Harmonica, chœurs, prise de son et mixage, clip)
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COLLECTIF MARCEL MOULOUDJI
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DICK GEBUYS – AUTEUR D’UN LIVRE SUR MOULOUDJI EN NÉERLANDAIS
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« La marchand' de tabac était intellectuelle
Ell' m'avait remarqué, parmi tous ces voyous
Qui fumaient et crachaient avec des rir's de loups,
Aimant mon front sérieux, ma chevelur' rebelle.
Je lisais du Verlaine avec ostension
Lui causait de Ducas, Rimbaud et Baudelaire
Elle, buvait l'anis comme mes divagations
Femme tronc, enivrée, des alcools littéraires.
Que de joies échangées, regards aux muets serments
Chastes rapports qu'à peine troublaient les clients
Dans leurs achats odieux de drogue tabagique
Au milieu des fumées, sans mots nous étions amants
Je fis à l'encre rouge des vers agonisants
Dans l'odeur des étoil's piquées au ciel de guerre,
Je ferai à la lune inventer des romans,
A chaque aube je mourais de passions buissonnières
Comme on meurt à l'arrière
A l'âge de seize ans. »
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« C’est l’homme qui passait dans la vie
un vague sourire sur les lèvres
un duffle-coat sur les épaules
où ira-t-il au bout de la nuit
un autre lit ou veillé par un saule
ses yeux sont au loin sur les pavés
en attente de tournées d’été
Chante encore dans la mémoire
Moulou de la rue de Crimée
chante demain ou un autre soir
les rues de Paris et tes amours
C’est l’homme qui passait dans la vie
et il est passé dans nos vies
on le sait maintenant en l’entendant
avec sa voix de luth et d’Orient
il a traversé le boulevard touchant
sur sa toile un visage étonné
l’étonnant s’en est au loin allé
C’est l’homme qui passait dans la vie
il a rencontré les poètes et le chant
ses mots désenchantés enchantent
déjà parti dans une autre chambre
il sent les parfums d’amour et d’ambre
une vieille mélancolie accrochée
dans un immeuble rue de Crimée »
Texte et musique : Jean Lapierre
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