Serge Reggiani (2 Mai 1922-23 Juillet 2004) aurais eu 90 ans, aujourd'hui. Malheureusement, on a cessé lui faire les comptes, il y a 8 ans (presque)... Sa philosophie était bien simple: la vie doit être vécue. C'est un thème récurent de ses chansons, qu'on parle de « Il faut vivre », « Ma dernière volonté », « Le temps qui reste », « Les adieux différés » ou « Le Vieux ». L'âge et le temps qui passe sont des sujets inépuisables chez Ch. Aznavour, aussi (« Je n'ai pas vu le temps passer », « Hier encore », « La Bohème », etc., mais, au lieu de l'approche rétrospective proposée par Mr. Aznavour, Serge Reggiani a toujours une approche prospective, en référant plus souvent au futur, qu'au passé. Ça vient confirmer la soif de vivre dont il parlait, et qui "transpire" dans les chansons mentionnées, des vraies odes à la joie (de vivre).
Voilà une chanson qui lui va comme un gant, écrite par son auteur-fétiche, Claude Lemesle. Je vais la préfacer par quelques mots tirés du livre de Serge Reggiani -- « Dernier courrier avant la nuit » : „Oui, drôle de vie, je t'aime [...]. Je ne crois pas en toi, la mort, et pourtant, je te crains. Je crois, en fait, à la survie, à la manière des bouddhistes, qui pensent que chacun de nous dispose de 7 vies, mais que nous vivons sans aucun souvenir des précédentes. J'aimerais que ma dernière vie soit une vie de peinture et de musique. Un peu comme celle que j'achève ces temps-ci... Ma vie de Serge Reggiani serait-elle la dernière ? [...]. Mort, je ne crois pas en toi. Je ne te prendrai pas au sérieux quand tu viendras me tirer par les pieds en me disant : « C'est l'heure». Vie, il faudra m'arracher à toi avec des tenailles rougies, comme dans les mauvais romans."
Pourtant, un mauvais roman est bien préférable à une réalité aussi mauvaise. Alors, on ne doit pas désarmer pour si peu, pensons à la huitième vie !...
A écouter, entendre et... comprendre ! Le VieuxParoles: Claude Lemesle et Jacques Roure
Musique: Claude Lemesle et Christophe MarieIl faisait des années supplémentaires
Sur terre
Il avait bu des océans, cul sec,
Avec
Des moins ivrognes déjà morts,
Des éternels changeurs de bord,
Sûr qu'il prenait la bouteille au sérieux,
Le vieux...
C'était un philosophe de village,
Sans âge,
Qui réclamait en mai soixante huit
La suite,
Juste après les révolutions,
Sur les pavés y a du goudron,
Mais il n'a pas désarmé pour si peu
Le vieux...
Il disait que tout s'allume,
Mais encore faut-il qu'on le voie,
Quand le doigt montre la lune,
L'imbécile regarde le doigt !
Il adorait toujours serrer des mains
D'humains,
Sans ignorer qu'elles le montraient parfois
Du doigt,
Il savait que la trahison
Construit au traître sa prison,
Il apportait des oranges aux envieux,
Le vieux...
Il s'était perdu dans des Pearl Harbor
D'amour
Mais il avait gardé comme un trésor
A bord
Une noyée de sentiments,
Qui ne comptaient que deux amants,
Dont il était peut-être l'un des deux,
Le vieux...
Il disait que la coutume
Doit faire avancer l'avenir,
Quand le fer frappe l'enclume
L'imbécile forge un souvenir...
Il vieillissait avec une telle envie
De vie,
Que sur son front il n'y avait pas d'idées
Ridées,
Que sa patience et sa passion
Se mélangeaient à l'unisson,
Devant le vide il avait comme un creux,
Le vieux...
Quand il est mort, il avait bien cent ans.
Pourtant,
Son âme tendre disait à son corps :
„Encore !"
Quand il a débarqué là-haut,
Entre un tonnerre et un tonneau,
On ne sait pas s'il a rencontré Dieu,
Le vieux...
Il n'est pas mort pour des prunes,
Car à chaque fois qu'il envoie
Ses messages de Saturne
L'idiot met l'anneau à son doigt...
Il y a des ombres qui font la lumière
Sur terre...
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