lundi 18 octobre 2021

Léo Ferré : Frères humains, l'amour n'a pas d'âge (Villon - Ferré)


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Extrait du DVD "Léo Ferré chante les poètes" (Théâtre libertaire de Paris, 1986) Réalisation : Guy Job. En vente sur notre site leo-ferre.com : http://bit.ly/2fZXRBY Chanson publiée en 1980 sur l'album "La Violence et l'Ennui" (https://leo-ferre.com/la-violence-et-...) Paroles : François Villon & Léo Ferré Musique : Léo Ferré


Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci-attachés, cinq, six
Quant à la chair, que trop avons nourrie
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rit
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis
Envers le fils de la Vierge Marie
Que sa grâce ne soit pour nous tarie
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie
A son plaisir sans cesser nous charrie
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Frères humains, qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurcis
Car, si pitié de nous pauvres avez
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci-attachés, cinq, six
Quant à la chair, que trop avons nourrie
Elle est piéça dévorée et pourrie
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rit
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie
A lui n'ayons que faire ni que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

L'amour n'a pas d'âge et la mer étale
Là-bas sur la plage, non plus n'a pas d'âge
Les mots sont les mots toujours mal criés
Pourtant, il faut bien se servir des mots
Qu'on nous a laissés écrits sur la vie
Criés dans les cris, des amants lassés
L'amour n'a pas d'âge et la mer étale
Là-bas sur la plage, non plus n'a pas d'âge.

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