dimanche 19 octobre 2025

Léo Ferré - Hommage aux plus grands - Top 5 de ses chansons les plus émouvantes, les plus puissantes



                             


Léo Ferré - Hommage aux plus grands - Top 5 de ses chansons les plus émouvantes, les plus puissantes. ‪@sanctuairedesheros‬ #5 : La Solitude

Je suis d'un autre pays que le vôtre, d'un autre quartier, d'une autre solitude
Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse
Je ne suis plus d'chez vous
J'attends des mutants
Biologiquement je m'arrange avec l'idée que je me fais de la biologie
Je pisse, j'éjacule, je pleure
Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s'il s'agissait d'objets manufacturés
Je suis prêt à vous procurer les moules
Mais
La solitude
Les moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis
Ils ont été coulés demain matin
Si vous n'avez pas dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée, il est inutile de vous transmettre
Il est inutile de regarder devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour
Et
La solitude
La solitude
La solitude
Il est de toute première instance que les laveries automatiques
Au coin des rues, soient aussi imperturbables que les feux d'arrêt ou d'voie libre
Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience
Et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau
Et pourtant
La solitude
La solitude
Le désespoir est une forme supérieure de la critique
Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur", les mots que vous employez n'étant plus "les mots"
Mais une sorte de conduit à travers lesquels les analphabètes se font bonne conscience
Mais
La solitude
La solitude
La solitude, la solitude
La solitude
La solitude
Le Code civil nous en parlerons plus tard
Pour le moment, j'voudrais codifier l'incodifiable
J'voudrais mesurer vos danaïdes démocraties
Je voudrais m'insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit
Le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité
La lucidité se tient dans mon froc
Dans mon froc

#4 : Les Anarchistes (05"19)

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart espagnols, allez savoir pourquoi
Faut croire qu'en Espagne, on ne les comprend pas
Les anarchistes
Ils ont tout ramassé
Des beignes et des pavés
Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuvent gueuler encore
Ils ont le cœur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
Les anarchistes
Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pour quoi?
Avec l'amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l'air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu'ils peuvent frapper encore
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups de pied au cul
Faudrait pas oublier que ça descend dans la rue
Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Qui y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien bras dessus, bras dessous
Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout
Les anarchistes

#3 : Avec le temps (08"30)

Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix, le cœur
Quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
Même les plus chouettes souvenirs ça t'as une de ces gueules
À la Galerie j'farfouille dans les rayons d'la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va tout seule
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre à qui on croyait pour un rhume, pour un rien
L'autre à qui on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi on s'traînait comme traînent les chiens
Avec le temps, va, ah-ah-ah
Qu'est-ce qu'elle dit l'autre, ah-ah-ah?
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps
Terminé
Et oui c'est terminé, c'est terminé, c'est terminé
Avec le temps, c'est terminé, c'est terminé avec le temps
Avec le temps messieurs-dames, messieurs-dames
Avec le temps là, c'est terminé, terminé
Allons messieurs-dames, allons
Allez, jouez, jouez, encore un petit peu là
Alors messieurs-dames
Jouez, jouez avec le temps
Avec le temps, la femme est un être irremplaçable (ouais)
Quand elle est remplaçable, faut pas hésiter
Allons-y
#2 : La Mémoire et la mer (12"54)

La marée, je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts du sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais, géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans Les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus
Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieux des granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Dans cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C'est fini, la mer, c'est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle
#1 : Quartier Latin (18"18)

Ce quartier
Qui résonne
Dans ma tête
Ce passé
Qui me sonne
Et me guette
Ce Boule Miche
Qu'a d'la ligne
En automne
Ces sandwichs
Qui s'alignent
Monotones
Quartier latin
Quartier latin
Quartier latin
Chez Dupont
Ça traînait
La journée
C'était l'pont
Qui durait
Tout' l'année
L'examen
Ça tombait
Comme un' tête
Au matin
Sans chiquer
Ni trompettes
Quartier latin
Quartier latin
Quartier latin
Cette frangine
Qui vendait
Sa bohème
Et ce spleen
Qui traînait
Dans sa traîne
J'avais rien
Ni regrets
Ni principes
Les putains
Ça m'prenait
Comme la grippe
Quartier latin
Quartier latin
Quartier latin
Ce vieux prof
Qui parlait
À son aise
Très bien, sauf
Que c'était
Pour les chaises
Aujourd'hui
Un diplôme
Ça s'rupine
Aux amphis
Tu pointes comme
À l'usine
Quartier latin
Quartier latin
Quartier latin
Les années
Ça dépasse
Comme une ombre
Le passé
Ça repasse
Et tu sombres
Rue Soufflot
Les vitrines
Font la gueule
Sans un mot
J'me débine
J'ferm' ma gueule
Je retrouve plus rien
Tellement c'est loin
L'quartier latin
L'quartier latin


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