dimanche 19 février 2023

Francesca Solleville . La petite juive (1982)





                              


                           


La petite juive .

Paroles et musique de Maurice Fanon (1965) Dans ce monde borné de quel entre deux guerres Où ceux qui font les lois les troussaient par derrière Nous n'avions que cinq ans du pains sec au dessert Pour cinq lettres de trop ou un pet de travers On nous disait tu vois c'est la croix que Grand-Père A gagné au Chemin des Dames et nos grands frères Abandonnant le bleu pour un kaki douteux Cocufiaient Madelon dans les bras de Marlène Une fois l'an nous allions voir entre père et mère La victoire en chantant nous ouvrir la barrière Et nous nous en allions en suçant des bonbons Jouer du revolver à deux sous le bouchon. Et je me souviens, la petite juive Elle me disait viens Elle était jolie On faisait des bêtises Où on ne faisait rien Elle s'appelait Lise Et je m'en souviens Dans ce monde truqué de quelle drôle de guerre Tout ceux qui font le front le bradait à l'arrière Nous n'avions que dix ans et dans nos gibecières Une histoire de France qui tombait en poussière On nous a fait courir, traverser des rivières Sur des ponts d'Avignon qui dansaient à l'envers ca tirait par devant, ca poussait par derrière Les plus pressés n'étaient pas les moins militaires On nous a fait chanter pour un ordre nouveau D'étranges Marseillaises de petite vertu Qui usaient de la France comme d'un rince cul Et s'envoyaient en l'air aux portes des ghettos Et je me souviens, la petite juive On lui a dit viens Elle était jolie Elle a fait sa valise Un baiser de la main Elle s'appelait Lise Il n'en reste rien Dans ce monde mort-né d'avant quelle autre guerre Le Japon blessé lèche encore son cancer Dans ce monde septique où ceux qui ont la foi Ne savent plus si Dieu est devant ou derrière Dans ce monde d'argent où la banque surnage Comme une poisson ventru qui attend le naufrage Nous n'avons que trente ans sainte horreur de la guerre Et pourtant nous n'avons pas cessé de la faire On nous a fait marner de Djebel en rizières De Charybde en Sylla, de cuvettes en civières Comme si nous n'avions pas autre chose à faire Qu'à montrer nos fesses aux quatre coins de la terre Et je me souviens la petite Juive Elle me disait viens Elle était jolie On faisait des bêtises Où on ne faisait rien Elle s'appelait Lise Et je m'en souviens.


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