" Nous deux ."
Ils sont partis sans crier gare
Avec leurs mômes et leurs guitares, nos frères gitans de Saint-Ouen.
Elles sont parties, à tire-d'aile
Flots de béton et de bêtise
Faut des drugstores et du strip-tease, des buildings et des souterrains
Et de Boulogne et de Vincennes
Et des quais fleuris de la Seine, bientôt, il ne restera rien.
Mais ce jour-là, ma tourterelle
Ma fille à moi, ma toute belle, ma frangine d'amour, ma maman
Malgré les planches et puis la terre, on s'blottira comme on sait l'faire
Nous deux! Malgré la terre et puis les planches
On s'câlinera, comme le dimanche, quand on va pas au cinéma
Nous deux! Et qu'après, on s'retrouve en rêve
Fascinés comme Adam et Eve et tout fiers d'avoir trouvé ça, nous deux!
Tu vois, c'est écrit à la une
On se dispute déjà la Lune, enfants de demain, innocents!
Un général sur les planètes
Vous suivra d'loin, à la lunette et dira "C'est rouge de sang"!
À tant jongler avec la bombe
Un jour, faudra bien qu'elle tombe, c'est son but et c'est notre lot
Il faudra bien que ce jour vienne
Adieu Paris et adieu Vienne, adieu Rome et Monte-Carlo!
Mais ce jour-là, ma tourterelle
Ma fille à moi, ma toute belle, ma frangine d'amour, ma maman
Que tout se glace ou que tout flambe, ça fait rien, si l'on est ensemble
Nous deux! Que tout flambe ou que tout se glace
Nous aurons déjà notre place dans la légende des amants
Nous deux! Alors, quand sautera la planète
Si jamais sonnent les trompettes, on s'en foutra divinement, nous deux!
Les gens vont me traiter d'artiste
De sans-cœur, et si j'en suis triste, je n'en serai pas étonné
Car ce cœur pitoyable et tendre
À toi seule, qui sus le prendre, depuis longtemps je l'ai donné.
Tout comme aujourd'hui, je te donne
Cette chanson de fin d'automne qui se voulait chanson d'amour.
Je ne suis ni saint, ni apôtre
Et pour penser encore aux autres, il me reste trop peu de jours.
En attendant, ma tourterelle
Ma fille à moi, ma toute belle, ma frangine d'amour, ma maman
Puisque nos âmes vagabondent, allons faire le tour du monde
Nous deux! Puisque vagabondent nos âmes
Embrassons-nous tout près des lames de l'océan des mauvais jours
Nous deux! Et puis, à nos amours fidèles
Au cœur des neiges éternelles, allons nous perdre pour toujours
Nous deux !
Paroliers : Leo Ferre / Jean-roger Caussimon
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