dimanche 30 octobre 2022

Les copains d'abord - Georges Brassens

 

                           



 Les Copains D'abord

Non, ce n'était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau,
Qu'on se le dis' au fond des ports,
Dis' au fond des ports,
Il naviguait en pèr' peinard
Sur la grand-mare des canards,
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord.

Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la littératur',
N'en déplaise aux jeteurs de sort,
Aux jeteurs de sort,
Son capitaine et ses mat'lots
N'étaient pas des enfants d'salauds,
Mais des amis franco de port,
Des copains d'abord.

C'étaient pas des amis de lux',
Des petits Castor et Pollux,
Des gens de Sodome et Gomorrh',
Sodome et Gomorrh',
C'étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boeti',
Sur le ventre ils se tapaient fort,
Les copains d'abord.

C'étaient pas des anges non plus,
L'Evangile, ils l'avaient pas lu,
Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors,
Tout's voil's dehors,
Jean, Pierre, Paul et compagnie,
C'était leur seule litanie
Leur Crédo, leur Confitéor,
Aux copains d'abord.

Au moindre coup de Trafalgar,
C'est l'amitié qui prenait l'quart,
C'est elle qui leur montrait le nord,
Leur montrait le nord.
Et quand ils étaient en détresse,
Qu'leur bras lancaient des S.O.S.,
On aurait dit les sémaphores,
Les copains d'abord.

Au rendez-vous des bons copains,
Y'avait pas souvent de lapins,
Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il était mort.
Oui, mais jamais, au grand jamais,
Son trou dans l'eau n'se refermait,
Cent ans après, coquin de sort !
Il manquait encor.

Des bateaux j'en ai pris beaucoup,
Mais le seul qui'ait tenu le coup,
Qui n'ait jamais viré de bord,
Mais viré de port,
Naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards,
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord.




Georges Brassens nous a quittés le 29 octobre 1981 « pour faire du pédalo sur la vague en rêvant » mais c'est le lendemain par France-Inter vers 18 heures, en quittant mon bureau de la MSA que j'appris la nouvelle. Je n'oublierai jamais l'émotion qui me serra le cœur quand je réalisai ce que me disait l'autoradio de ma Coccinelle. Les larmes m'empêchèrent vite de conduire et il me fallut m'arrêter sur le premier parking venu. J'avais 38 ans et pas du tout honte de pleurer devant les passants. Ses chansons m’accompagnaient depuis ma prime jeunesse et j’avais toujours partagé ma passion pour le Sétois avec mes proches, avec mes copains de classe, avec mes collègues, avec toutes les personnes croisées dans ma vie privée, professionnelle ou associative.
Ce n'est que bien plus tard après le « départ » de Brassens que j’ai créé le 29 octobre 1997 avec quelques amis agenais notre association : « Auprès De Son Arbre ». J’avais pensé que ce serait la meilleure façon de lui dire merci pour tout ce qu'il nous avait donné et pour qu'ils ne soient pas, lui et son œuvre, oubliés « dans la fosse commune du temps ». « Auprès De Son Arbre » est depuis devenue une référence dans le monde des admirateurs du poète, par son site et ses multiples rubriques, base de données à nulle autre pareille, par la Lettre d’ADSA télétransmise tous les quinze jours à plus de 1.400 internautes en France et à l’étranger, par notre participation et notre soutien à toutes les manifestations organisées autour de Brassens et de son œuvre, par la coproduction d’albums d’artistes interprétant son répertoire, etc, etc.
Le JT d'Antenne 2 de ce triste 30 octobre 1981 où l'émotion, la pudeur et les larmes retenues de Pierre Louki m'émeuvent toujours autant...


              




              

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