samedi 22 novembre 2025

Jean Guidoni - Je pourris Camarade (1989) [version piano/studio]





                          

Musique – Didier Barbelivien, Pascal Auriat Texte – Jean Guidoni Arrangements – Bernard Estardy Réalisation – Pascal Auriat

Je pourris camarade


Je pourris Camarade
De vivre sans comprendre
De n'être sûr de rien
Sur ces chemins de cendres
A tendre encore une main

A quinze ans Camarade
On parlait de l'amour
Le Dimanche muet
Au visage tendu
Nous attendions le jour

Je pourris Camarade
De n'avoir d'un enfant
Su garder que les pleurs
Et d'avoir oublié
Comment naissait la peur

Et plus tard Camarade
Dans la ville bombardée
Silencieux et rageurs
Les soldats de minuit
Couraient après la vieDans la ville bombardée

Je pourris Camarade
De n'avoir pu choisir
Sous quel drapeau marcher
Et d'avoir voulu croire
Que rien ne changerait
Et d'avoir voulu croire
Que rien ne changerait

Tu m'aimais Camarade
Mais j'ai su oublier
L'odeur de tes cheveux
Que gardes-tu de moi
Moi qui brûle sans feu ?

Je pourris Camarade
D'avoir fait du mépris
Un bijou à mon coeur
A des marchands d'oubli
Avoir vendu tes pleurs

Et ton nom Camarade
J'ai voulu l'humilier
Ton amour Camarade
J'ai voulu l'effacer
Homme fou à lier
J'ai voulu t'humilier
L'amitié Camarade

Je m'en veux Camarade
De n'avoir su quoi dire
Devant le jour qui vient
Au bordel du désir
N'avoir été qu'un chien

Je pourris Camarade
De ce doigt qui menace
C'est la mort qui s'ennuie
Ce n'est rien le temps qui passe
Que m'importe la nuit !

Quand un jour Camarade
Dans Paris déchiré
Les veines caillées de sang
Les soldats de minuit
Couraient après la vie
Dans la ville bombardée

Je pourris Camarade
De ce coeur qui s'arrête
Quand derrière les volets
Au sommet de l'été
Se cache l'obscurité

Mais ce soir Camarade
Au-dessus de la terre
Je suis seul Camarade
Si seul parmi les pierres

Et pour moi Camarade
Ni de jour ni de nuit
A quoi bon répéter
Qu'il fait plus noir que noir ?
De l'ombre du passé
Garde les yeux fermés
Au bal des naufragés
Devant toi Camarade
Plus mort qu'un danseur mort
Je pourris Camarade
Camarade




Le chanteur et parolier Jean Guidoni est mort à 74 ans

Article de 20 Minutes avec AFP


Jean Guidoni, figure singulière de la chanson française, est mort à 74 ans à Bordeaux. Il s’était fait connaître grâce à son univers théâtral, provocateur et ses performances radicales

Le chanteur et parolier Jean Guidoni est mort à 74 ans

DISPARITION - Jean Guidoni, figure singulière de la chanson française, est mort à 74 ans à Bordeaux. Il s’était fait connaître grâce à son univers théâtral, provocateur et ses performances radicales

Connu pour avoir imposé un univers théâtral, sulfureux et profondément personnel dans la chanson française, le chanteur Jean Guidoni est mort vendredi à Bordeaux à l’âge de 74 ans, a annoncé son attachée de presse. L’artiste est décédé « des suites d’une maladie fulgurante », précise-t-elle à l’AFP.

Né en 1951 à Toulon dans une famille modeste d’origine corse, Jean Guidoni a d’abord exercé comme coiffeur à Marseille avant de s’installer à Paris dans les années 1970 pour tenter sa chance dans la chanson. Très vite, il refuse les codes de la variété dominante : les textes qu’on lui propose ne correspondent ni à sa personnalité ni à ses zones d’ombre, faisant de lui un outsider assumé.

Un personnage provocateur sur scène

Sa trajectoire bascule lorsqu’il rencontre le parolier Pierre Philippe. Cette alliance ouvre à Guidoni une voie artistique nouvelle, à la fois plus sombre et plus libre. Sur scène, il développe alors une esthétique provocatrice qui deviendra sa marque de fabrique : visage poudré de blanc, bas résille, talons aiguilles et jeu constant avec les codes de la féminité.

Plusieurs titres contribuent à installer sa réputation auprès d’un public fidèle, parmi lesquels « Je marche dans les villes », « Tramway terminus nord » ou encore « Mort à Venise ». En 1982, il signe l’un de ses albums les plus marquants, « Crime Passionnel », mis en musique par Astor Piazzolla. Présenté comme un « opéra pour homme seul », le disque mêle textes à vif et théâtre expressionniste, confirmant la singularité de son parcours.

D’interprète à compositeur

Jean Guidoni prend par la suite la plume pour écrire ses propres chansons. L’album « La Pointe rouge » (2007) réunit ainsi Dominique A, Philippe Katerine, Jeanne Cherhal et Mathias Malzieu. Son 17e album studio, « Eldorado(s) », est sorti en avril. Jean Guidoni, qui affectionnait tout particulièrement le théâtre des Bouffes du Nord à Paris, avait encore chanté sur scène le 24 juin au Café de la Danse.

Sa disparition met fin à une carrière de près de cinquante ans, menée en marge des courants dominants de la chanson française. Jean Guidoni laisse derrière lui une œuvre identifiable par son style direct et son identité assumée.




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