mercredi 19 novembre 2025

Léo FERRE (4/10) : Ferré chante les poètes / Pauvre Rutebeuf / L'étang chimérique ....




                           

Quatrième partie de "Léo Ferré par lui-même" (Arte, 1994). Léo Ferré chante "Pauvre Rutebeuf" (Rutebeuf / L. Ferré) "La mort des amants" (Ch. Baudelaire / L. Ferré) "Le Pont Mirabeau" (G. Apollinaire / L. Ferré) "Je t'aime tant" (L. Aragon / L. Ferré) "Chanson d'automne" (P. Verlaine / L. Ferré) et "L'étang chimérique" (L. Ferré).

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvres rentes
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
L'espérance de lendemain
Ce sont mes fêtes


La Mort des amants

Charles Baudelaire

Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;

Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu'il m'en souvienne

La joie venait toujours après la peine.


Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure.


Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l'onde si lasse.


Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure.


L'amour s'en va comme cette eau courante

L'amour s'en va

Comme la vie est lente

Et comme l'Espérance est violente.


Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure.


Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine.


Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure.

Mon sombre amour d'orange amère
Ma chanson d'écluse et de vent
Mon quartier d'ombre où vient rêvant
Mourir la mer
Mon beau mois d'août dont le ciel pleut
Des étoiles sur les monts calmes
Ma songerie aux murs de palme
Où l'air est bleu
Mes bras d'or mes faibles merveilles
Renaissent ma soif et ma faim
Collier collier des soirs sans fin
Où le cÅâ ur veille
Est-ce que qu'on sait ce que se passe
C'est peut-être bien ce tantôt
Que l'on jettera le manteau
Dessus ma face
Coupez ma gorge et les pivoines
Vite apportez mon vin mon sang
Pour lui plaire comme en passant
Font les avoines
Il me reste si peu de temps
Pour aller au bout de moi-même
Et pour crier Dieu que je t'aime
Je t'aime tant, Je t'aime tant

CHANSON D'AUTOMNE

Paul Verlaine – Léo Ferré 
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deci, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur monotone.


« L'étang chimérique »

Nos plus beaux souvenirs fleurissent sur l’étang
Dans le lointain château d’une lointaine Espagne
Ils nous disent le temps perdu ô ma compagne
Et ce blanc nénuphar c’est ton cœur de vingt ans

Un jour nous nous embarquerons
Sur l’étang de nos souvenirs
Et referons pour le plaisir
Le voyage doux de la vie
Un jour nous nous embarquerons
Mon doux Pierrot ma grande amie
Pour ne plus jamais revenir.

Nos mauvais souvenirs se noieront dans l’étang
De ce lointain château d’une lointaine Espagne
Et nous ne garderons pour nous ô ma compagne
Que ce nénuphar et ton cœur de vingt ans

Un jour nous nous embarquerons
Sur l’étang de nos souvenirs
Et referons pour le plaisir
Le voyage doux de la vie
Un jour nous nous embarquerons
Mon doux Pierrot ma grande amie
Pour ne plus jamais revenir

Alors tout sera lumineux mon amie
Et vogue vogue la galère
Lundi mardi et mercredi
C’est la semaine de misère
Et vogue vogue la galère
Je ferai maigre vendredi
Pendant que tu feras la guerre

Et vogue vogue la misère
Si tu me donnes un vieux penny
Je te sauverai des galères
Et vogue vogue la misère
Je ne connais pas les ennuis
Car je les noie dans la bière

Et vogue vogue la galère
C’est le destin que j’ai choisi
Je suis le roi de mes chimères
Et vogue vogue la galère
Mais je préfère le whisky
A la semaine de misère.

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