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Serge Reggiani / Baudelaire - Enivrez vous / Madame Nostalgie
Ajoutée le 23 juin 2014
Baudelaire - Enivrez vous / Madame Nostalgie Palais des congrès 1993
ENIVREZ-VOUS
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXIII
Madame Nostalgie
Madame Nostalgie
Depuis le temps que tu radotes Et que tu vas de porte en porte Répandre ta mélancolie Madame Nostalgie Avec tes yeux noyés de brume Et tes rancurs et tes rancunes Et tes douceâtres litanies Madame Nostalgie Tu causes, tu causes, tu causes, tu causes De la fragilité des roses Je n'entends plus ce que tu dis Madame Nostalgie Depuis le temps que tu m'accables J'ai envie d'envoyer au diable Ton mal d'amour si mal guéri Madame Nostalgie Tu pleures sur un nom de ville Et tu confonds, pauvre imbécile L'amour et la géographie Madame Nostalgie Tu rêves, tu rêves, tu rêves, tu rêves Mais tes arbres n'ont plus de sève Et tes branches n'ont plus de fruits Madame Nostalgie Pardonne-moi si j'en ai marre De tes dentelles grises et noires Il fait trop triste par ici Madame Nostalgie Je veux entendre des orages Respirer des jardins sauvages Voir le soleil et la pluie Madame Nostalgie Tu pleures, tu pleures, tu pleures, tu pleures Mais ce soir je n'ai plus le cur De partager tes insomnies Madame j'ai envie Ce soir d'être infidèle Dans les bras d'une belle Qui ressemble à la vie |
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